Alors que les Etats-Unis viennent de réélire le démocrate Barack Obama sur fond de crise et de mesures fiscales, revenons sur l’histoire du crédit aux pays des yankees.

Des débuts discrets

C’est au XXème siècle que les premiers crédits font leur apparition Outre Atlantique. A cette époque où les taux peuvent grimper jusqu’à 480% (!), emprunter est particulièrement mal perçu car jugé irresponsable et synonyme de mauvaise gestion de ses finances. L’image du crédit change néanmoins dès le début des années 20. A l’heure de la révolution industrielle, seuls les plus riches ont la chance de pouvoir acquérir certains biens onéreux. Pour ouvrir l’accès à la consommation au plus grand nombre, les établissements financiers commencent à permettre aux clients de fractionner et d’échelonner leurs paiements à des taux maîtrisés, en particulier dans le secteur automobile. Malgré l’engouement des consommateurs, le risque de défaut de paiement des clients freine les banques.

Un engouement rapide

C’est en fait paradoxalement durant la Grande Dépression et grâce aux efforts du président Roosevelt pour stimuler le marché immobilier que le crédit s’établit réellement dans la société américaine. Les banques, ne disposant alors d’aucune perspective d’investissement concrète, s’engouffrent dans le financement du prêt au particulier dès lors que le gouvernement promet d’assurer ce type de prêts.

Les ménages américains adoptent rapidement la pratique du crédit, synonyme d’ascension sociale et en font un élément de leur quotidien. Les grands magasins développent alors le concept de « cartes de crédit » dans les années 1950-1960, largement repris par les banques américaines. En l’absence de contrôle, on assiste à la naissance des premières dérives du crédit (crédit revolving notamment) qui entraînent petit à petit les ménages américains dans l’endettement.

Quand la crise frappe

Cinquante ans plus tard, la situation n’est guère réjouissante et les menaces s’accumulent. Après la terrible crise des subprimes en 2007 dûe à l’effondrement du prix de l’immobilier (pour rappel, il s’agissait d’accorder des crédits aux personnes les moins fiables à des taux plus élevés, le risque étant assuré par la potentielle revente du bien immobilier du souscrivant), les Etats-Unis tremblent désormais devant la hausse des crédits étudiants et de la multiplicité des cartes de crédits.

D’un côté, les jeunes ayant souscrit pour plus de 1 000 milliards de dollars de prêt risquent de se heurter à un taux de chômage croissant. Non seulement les jeunes diplômés peinent à trouver un emploi, mais en plus les salaires diminuent. Les défauts de paiement ont déjà augmenté de 3 points passant de 6 à 9% en 3 ans.

De l’autre, avec en moyenne plus de 10 cartes de crédit par personne (1,5 milliards de cartes en circulation), la surconsommation des Etats-Unis a créé une dette de 946 milliards de dollars. En effet, au pays de l’oncle Sam, vous pouvez payer soit en « debit » soit en « credit ». La « debit card » correspond à notre carte bancaire traditionnelle dont les dépenses sont débitées directement du compte courant. La « credit card », proposée par les banques elles-mêmes et pas seulement par les grands magasins, admet une réserve de crédit renouvelable qui permet au client de rembourser ses anciennes dépenses et en faire de nouvelles en même temps. En cas d’impayé, les taux d’intérêts dûs augmentent brutalement et les pénalités de retard se multiplient. Le système, bien que dangereux, fonctionnait avant la crise. Mais dès lors que la situation financière s’est dégradée, les banques ont voulu faire rentrer de l’argent dans les caisses en s’attaquant à ces « cartes en plastique ». Fermeture des comptes de leurs clients « risqués » ou augmentation des taux d’intérêts, des mesures drastiques qui ne font qu’aggraver la crise. Impossible pour un particulier de rembourser sa dette quand les taux atteignent 30%.

Un avenir en suspens

La situation semble bloquée aux Etats-Unis et la crise du crédit semble quelque peu délaissée mais continue pourtant de menacer le futur des Etats-Unis et de l’économie mondiale. Un sujet parmi tant d’autre qu’il faudra que le président réélu Barack Obama prenne à bras le corps dans les mois à venir. Le crédit est un élément indispensable à l’équilibre de la balance commerciale américaine mais ne doit pas pour autant devenir un impératif bancal et sans scrupules. Il doit être contrôlé et maîtrisé pour que les acteurs du crédit à la consommation adoptent une attitude responsable vis-à-vis de leur client. Un long débat s’annonce donc entre responsabilité sociale et rentabilité.

Affaire à suivre… et si les Etats-Unis doutent de leur capacité à redresser la barre, nous on leur dit chaleureusement « Yes you can » !

2 réflexions sur “ Un double-cheese crédit avec un maxi-agio s’il vous plait ! ”

  1. Le système américain de crédit par cartes (copié par les autres pays anglo-saxons) pousse à se faire un historique de crédit par la collection rapide de cartes de crédit : plus j’ai de cartes, plus j’ai de capacité de crédit, plus je consomme, plus j’existe. C’est une organisation « rationnelle » du crédit, comme l’était celui basé sur le crédit immobilier. La base logique était mauvaise, c’est tout (si on peut dire !).

    J’ai découvert par hasard votre site, dont je trouve la démarche intéressante. Cependant, je constate, malheureusement pour les investisseurs auxquels vous vous adressez (très aisés), que les rendements proposés sont peu intéressants : on peut actuellement avoir autant en CAT sans risque. Enfin, le CAT rémunère mieux, puisqu’il n’y a pas de remboursement du nominal. A mon sens, le taux proposé à l’emprunteur est trop faible, quitte a ce que le différence soit transformé en don : entre 4 et 20%, il y a une marge (et beaucoup de clients potentiels).
    Je remarque aussi que vous ne vous êtes pas (ou vous n’avez pas pu) vous lancer dans le crédit immobilier ou périphériques, qui sont plus sûrs à mon sens, notamment sur la résidence principale. Enfin certains crédits ne trouvent pas de banques, comme les crédits de trésorerie aux TPE et serait peut être des niches intéressantes (qui n’intéressent pas les BA).
    D’un point de vue de l’image, il est difficile de taper sur les banques, quand 38% de son capital vient du Crédit Mutuel de Bretagne. On peut donc en conclure, en paraphrasant le dicton zoulou : les banques, elles nous pourrissent la vie, mais on ne peut pas s’en passer (!).
    Cependant, je reste admiratif de l’entreprise dans un secteur complètement verrouillé par 5 groupes et l’Etat. C’est très rafraîchissant et prouve bien quelque chose : en France (et en Europe), il y a beaucoup d’argent thésaurisé (contrairement aux USA, ou le patrimoine moyen est nul) et l’Etat, comme les lobbies (banques , assurances), est incapable d’en irriguer la pays, obsédé par le financement de la protection sociale et des retraites, qu’elle ne pourra pas assumer dans tous les cas, sauf croissance qui n’existe plus depuis bientôt 2 générations maintenant.
    Je regarderais avec intérêt l’évolution de votre entreprise, qui va dans dans le sens d’une désintermédiation positive avec appel direct à l’épargne en continue (puisque les fonctionnaires du Trésor préfèrent les marchés internationaux), comme le font maintenant une société de GMS (Carrefour), un constructeur automobile (Renault, bientôt PSA) et des société de crédit (les crédits municipaux). N’oublions pas, comme d’habitude, que les idées innovantes viennent de l’économie coopérative et sociale (Nef) et de l’Histoire (Friedrich Wilhelm Raiffeisen et les véritables principes du Crédit Mutuel). Une économie prospère est directement liée à la vitesse de circulation des richesses réelles. Bonne chance.

  2. Bonjour Toledo,
    Merci pour votre commentaire et vos encouragements.

    Permettez-nous de répondre à vos remarques :

    Comme vous l’avez dit, notre offre obligataire, réservée aux investisseurs professionnels, constitue une alternative aux produits traditionnels d’épargne.
    Un placement en CAT n’est pas totalement sans risque puisque celui-ci induit un risque de défaut de la part de l’organisme chez qui le compte est ouvert, le plafond d’indemnisation du fond de garantie des dépôts étant fixé à 100 000 euros. De plus, les rendements proposés sur certains CAT supposent une indisponibilité du capital sur l’ensemble de la maturité ce qui n’est pas le cas des obligations de Prêt d’Union, ces dernières étant à remboursement progressif du capital (leur maturité moyenne pondérée est ainsi diminuée). Les rendements offerts par les obligations de Prêt d’Union ramenés à leurs maturités moyennes pondérées respectives (durée à partir de laquelle l’investisseur a récupéré plus de la moitié du capital) sont donc très supérieurs à ceux des CAT.

    Concernant les autres produits que nous pourrions financer, ils sont certes intéressants mais les problématiques sont réellement différentes.
    Le crédit immobilier pour sa part représente une durée d’investissement trop longue. Quant aux autres crédits comme les crédits trésorerie aux TPE, ils constituent un métier totalement différent du nôtre et induit une analyse du risque beaucoup plus complexe.

    Pour ce qui est de notre communication. Nous ne dénigrons pas la fonction primaire du système bancaire qui, il est vrai, est indispensable à la vie quotidienne. Nous essayons plutôt de lutter contre ses éventuels faux-pas en proposant une solution communautaire.
    Concrètement, nous voulons nous rapprocher du modèle bancaire traditionnel, où l’épargne des uns servait à financer les crédits des autres sans opération de transformation. Il s’agit en fait de revenir aux origines de la banque en évitant de jouer les intermédiaires gourmands.

    Mais nous prenons bien note de vos remarques et ne manquerons pas d’y penser pour l’avenir. 😉 Merci encore !

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