Les banques détiennent les clés du système financier mondial. Aux manettes depuis plusieurs décennies, certaines d’entre elles n’hésitent pas pour servir leur intérêt à dériver dans leur pratique. Parfois à la limite de la légalité, souvent au bord du précipice de la morale, les banques et les institutions financières ont choisi leur camp.

Les banques à la dérive

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L’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) vient de rendre public les conclusions de son étude « Finance et croissance inclusive » débutée en 2012 en Europe. À la lecture de ces conclusions, on remarque que l’OCDE n’est pas tendre avec les banques en les accusant les banquiers de nombreuses dérives. Les entreprises sont fortement endettées, et ce à cause de l’utilisation du principe de l’effet de levier.

Boris Cournède, l’un des trois auteurs de l’étude indique dans un article des Échos que « le problème intrinsèque de l’effet de levier est qu’il cause des booms et des krachs boursiers encore plus violents que par le passé». Les entreprises qui ont trop de dettes finiraient inexorablement par ralentir davantage la croissance plutôt que de la stimuler.

Les banquiers sont souvent trop payés

L’OCDE a également indiqué que les banquiers en profitent pour se rémunérer grassement. Ce n’est pas la première étude à pointer du doigt le fait que les banques dépensent sans compter pour rémunérer leurs banquiers. À niveau égal de compétence, un employé qui travaille dans une banque gagne en moyenne 28% de plus. Et du côté des grandes banques installées à la City à Londres, ce chiffre monte même à 80% pour les cadres les plus importants ! Pourtant, le secteur de la finance traditionnelle ne représente que 4% de l’économie mondiale. Mais il faut également relativiser ce chiffre avec son influence sur l’ensemble de l’économie, et notamment sur les entreprises à la recherche de financement. On pourrait vulgariser l’activité des banques comme celle de « faire la pluie et le beau temps de l’économie mondiale ».

Les banques sont-elles « trop grosses » pour faire faillite ?

On a tous encore en tête la faillite de « Lehman Brothers » aux États-Unis au moment de la crise des subprimes. Mais son cas reste presque anecdotique tant les banques sont surprotégées. En effet, le spectre d’une faillite globale des banques fait craindre que l’économie mondiale s’en trouve totalement déréglée et ne serait pas en mesure de faire face à ce problème. Les institutions financières bénéficient du soutien quasi aveugle des États qui souhaitent s’assurer qu’aucune banque ne fera faillite. Mais de ce fait, les banques ne se privent pas pour prendre plus de risques, puisque ce sont les états qui in fine en supporteraient le poids d’une erreur de leur part. Et pourtant le risque de connaitre rapidement une nouvelle crise financière n’est pas écarté.

Les prêts étudiants sont-ils à risque ?

Les étudiants qui ont emprunté pour payer leurs frais d’études sont désormais considérés par de nombreux experts comme les plus à risques, et ils pourraient bien représenter la prochaine crise financière majeure. Aux États-Unis les étudiants sont obligés de payer les frais de leurs études, et doivent bien souvent s’endetter. Et le remboursement de ce type de dette peut prendre du temps ; parfois toute une vie. Rien qu’en 2013, 155 000 retraités américains n’avaient toujours pas fini de payer leur prêt étudiant. Ils ont donc vu une partie de leur retraite saisie directement par l’État fédéral pour le rembourser !

Certains établissements d’enseignement supérieur aux États-Unis sont eux aussi sur la sellette. Par exemple, il y a quelques semaines, la faillite du groupe éducatif des « Corinthian Colleges », avec plus de 16 000 étudiants Américains laissés sur la touche. De nombreux étudiants se retrouvaient donc avec une dette importante à rembourser et aucun diplôme puisque leur université a fait faillite. Coupable de manœuvres frauduleuses comme le fait de faire payer 5 fois plus chère dans le seul but d’obliger les étudiants à contracter un second crédit. Ou encore le fait de payer des employeurs pour embaucher leurs étudiants afin de doper artificiellement les chiffres d’employabilité.

Pour régler le problème auquel font face ces étudiants, le gouvernement américain a réagi rapidement et avec force : les étudiants pourront demander l’annulation de leur « dette fédérale ». Cette décision devrait faire date, car au-delà des « Corinthian Colleges », ce sont tous les étudiants abusés par des établissements frauduleux qui pourront demander le remboursement de leur dette. Mais les étudiants devront prouver qu’ils ont bien été abusés par des pratiques illégales.

Le Grexit en ligne de mire

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La Grèce est engluée dans ses dettes, et il n’y a pour l’instant aucun accord de signé entre celle-ci et ses créanciers. Sans cet accord, la Grèce s’expose à un défaut de paiement qui conduirait le pays à la faillite. Même si les créanciers ont accepté de réduire leurs exigences en termes d’ «excédent budgétaire primaire » à 1% du PIB pour 2015, le risque est bien présent.

En cas de défaut de paiement, la Grèce serait alors obligée de sortir de l’Euro, ce qui mettrait à mal l’économie européenne, et qui se ressentirait par un effet de vases communicants avec le monde entier. Le risque est important, et les responsables du FMI se préparent au pire, c’est-à-dire au non-remboursement par la Grèce des 1,6 milliards d’euros. La BCE reste plus mesurée et a accordé 1,1 milliard d’euros supplémentaires (soit 84,1 milliards) au « plafond des liquidités d’urgence ». Et du côté de la France ? Ce sont les 9 milliards d’euros versés lors du premier plan d’aide à la Grèce que la France verrait s’envoler. En ces temps de rigueur budgétaire, cette situation serait bien malvenue. Et après le coup de théâtre de Tsipras à propos d’un référendum, et la fermeture des banques grecques jusqu’à sa tenue le 6 juillet, la situation ne fait que s’aggraver.

Des amendes record

Depuis 2006 avec plus de 170 milliards d’euros d’amendes, les banques mondiales tentent de payer leurs fautes. On remarque également que la moitié de cette somme concerne uniquement cette dernière année. De quoi réfléchir sur l’impact des banques et leurs pratiques avides. La « vente de produits hypothécaires américains à risque » représente la majeure partie de ses amendes, la « violation d’embargo » et les « saisies immobilières abusives » viennent après. Le Monde propose un récapitulatif complet des amendes payées par les banques depuis 2007, via un tableur en ligne. On dénombre en tout 251 amendes infligées pour la plupart aux Etats-Unis. Viennent ensuite le Royaume-Uni, l’Union Européenne et la Suisse. La Suisse fait figure de bonnet d’âne avec seulement 3 amendes contre deux de ses banques : HSBC et UBS. Signe d’un plus grand respect des réglementations par les banques suisses ? Ou signe d’un plus grand laxisme des autorités de contrôle ? Seul l’avenir nous le dira.

Si l’influence des banquiers et leur avidité planent sur l’économie mondiale, il ne faut pas pour autant renier l’utilité de la finance mondiale qui soutient l’économie réelle et le développement des entreprises innovantes. Mais plus de contrôles et une meilleure compréhension des besoins de chacun pourraient éviter à l’avenir une nouvelle crise aux conséquences désastreuses.

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