On dit que l’argent n’a pas d’odeur, mais tout de même, s’il a un tout petit peu l’odeur du cannabis, il n’inspire pas confiance. En tous cas, pas à certaines banques américaines qui ont refusé d’ouvrir des comptes à des commerçants nouvellement positionnés sur la vente et la consommation de cannabis.
Les 20 Etats américains qui ont légalisé cette activité depuis le 1er janvier ne s’attendaient sans doute pas à cela. Depuis des lustres, les banques acceptent sans trop faire les difficiles l’argent de la drogue et des ventes d’armes, elles installent des filiales dans des paradis fiscaux, réalisent des activités pour compte propre parfois douteuses, spéculent sur les céréales et les matières premières au risque d’accroître la volatilité sur les marchés…
On peut alors se demander pourquoi les banques avaient un problème avec l’argent d’honnêtes commerçants (disons même de jeunes entrepreneurs) qui pratiquent une activité légale ?
La réponse est simple et déconcertante : les banques s’inquiétaient de la possibilité d’être accusées de complicité de trafic de drogue, car la vente de cannabis, légale dans une vingtaine d’Etats, demeure illégale au niveau fédéral.
Résultat : Les commerçants transportaient de grosses sommes d’argent liquide et craignaient pour leur vie.
Il y a quelques jours, le Trésor Américain a enfin éclairci ce fouillis juridique. Il permet désormais aux banques d’accepter l’argent venant du commerce de cannabis, sous réserve qu’elles respectent « un guide de bonnes pratiques ». C’est une bonne nouvelle pour les vendeurs de cannabis mais également pour le fisc américain. En effet, l’activité générée par ce commerce pourrait représenter 425M€ cette année.
Evidemment, le fisc et les banques n’étaient pas prêts à passer à côté de ce magot. On comprend mieux pourquoi le Trésor n’a pas mis longtemps à réagir…