Les amendes payées par les banques pour fraude font souvent les gros titres des journaux. Mais les banques dépensent également beaucoup d’argent pour rémunérer des banquiers millionnaires, ou pour faire pression sur les décideurs politiques.
Des banquiers millionnaires par centaines
Certains banquiers perçoivent un salaire annuel supérieur à 1 million d’euros. Pour eux, la crise financière n’a pas beaucoup changé la donne, et ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux. La publication du nombre de salariés qui ont une rémunération supérieure à 1 million d’euros est désormais obligatoire en France. Repérés par les Echos, le journal économique livre au grand jour ces banquiers millionnaires.
En Europe, c’est Deutsche Bank qui en compte le plus, avec 814 millionnaires. Et 14 d’entre eux gagnent même plus de 6 millions d’euros chaque année. Cela représente chaque année l’équivalent de 440 ans de SMIC ! Autre exemple, la banque Suisse HSBC qui dénombre pas moins de 320 banquiers millionnaires, contre « seulement » 180 il y a 1 an. Les banques françaises sont un peu plus raisonnables que leurs comparses européennes. BNP Paribas compte tout de même 149 banquiers millionnaires, majoritairement basés à Londres.
Un lobbying bancaire très coûteux
Tous les secteurs d’activités pratiquent une activité de lobbying pour assurer la défense de leurs intérêts auprès des décideurs institutionnels. Le but poursuivi étant d’influencer les pouvoirs publics dans l’application de la législation touchant leur secteur. Les banques sont très engagées sur le terrain du lobbying, et notamment à Bruxelles auprès de la commission européenne.
Depuis décembre 2014, l’ensemble des commissaires européens doivent faire état de leurs mises en relation avec des représentants de groupements d’intérêts. Fin avril, on pouvait déjà établir un premier classement des banques les plus dépensières en 2014, grâce à la publication du registre de transparence. On retrouve encore une fois le groupe Deutsche Bank qui emploie 16 personnes et dépense quasiment 4 millions d’euros au titre du lobbying. Les banques UBS, Crédit Suisse, et HSBC ont été à peine plus raisonnable avec des dépenses comprises entre 1 et 2 millions d’euros chacune. Les banques françaises ne sont pas en reste pour autant; le groupe BNP Paribas a dépensé 1 million d’euros, la Société Générale environ 500 000 euros, le Crédit Agricole ferme la marche avec moins de 300 000 euros.
Le lobbying : pour quel résultat
Le principe même du lobbying est de défendre ses positions face à d’éventuelles réformes. Les banques ne sont pas les seuls, les grandes entreprises technologiques comme Microsoft ou Google en abusent. Ce type d’influence à un impact sur les décisions prisent en haut lieu, et notamment au niveau européen. Si les banques dépensent autant pour leur activité de lobbying, c’est tout simplement en réaction à la demande de régulation des autorités et à l’évolution du secteur.
Il n’est pas rare de voir des projets de lois dépouillés de certains éléments gênants pour les banques, suite à une pression exercée sur les décideurs ; on peut notamment citer la loi de séparation et de régulation des activités bancaires de juillet 2013. Certains parlent même d’une « défaite de la démocratie » tant le texte de loi final a été marqué par un renoncement sur le cœur du sujet.
La régulation du secteur bancaire prendra encore de nombreuses années. L’innovation et l’arrivée des FinTechs sur le marché bouleversent d’autant plus l’ordre établi par les banques, qui ne peuvent contrer celle-ci par une activité de lobbying. Il faudra donc être patient pour voir un secteur financier plus responsable.